Zorani Sanabria
Zorani Sanabria
Graphisme - 2011
En 2004, la famille de Zorani Sanabria a quitté la Colombie pour s’installer à Victoriaville. Son arrivée au royaume de la neige et du fromage en grains a été un choc.
Seize ans plus tard, la directrice artistique et membre du studio de création MamboMambo relate, avec un accent exquis et un vocabulaire riche, avoir réussi son premier cours d’histoire en mémorisant les mots par cœur, sans savoir à quelle guerre ou fondation référait chaque date. « Rendue en cinquième secondaire, je comprenais mieux mes professeurs, mais je n’écrivais pas encore super bien. »
De toute manière, écrire n’est pas ce qu’elle préférait faire avec un crayon. Celle qui, toute petite, s’introduisait dans les cours du centre culturel où sa mère travaillait a toujours préféré dessiner.
À 16 ans tout juste, elle choisissait d’aller faire son DEC en Graphisme. Puisqu’elle avait déjà fait voyager son oreiller du Sud au Nord, partir étudier 400 kilomètres plus à l’est ne l’empêchait pas de dormir. En raison d’un décalage entre les calendriers scolaires colombiens et québécois, Zorani Sanabria était la plus jeune de sa cohorte, « la seule qui ne pouvait pas boire dans les vernissages », rigole-t-elle. « J’étais aussi une élève très créative et perfectionniste, mais qui ne s’empêtrait pas dans les détails techniques. »
Dans le cadre du Studio-stage Graphikos en troisième année, la magie a opéré avec ses deux coéquipiers, Alexis Gagné et Guillaume Beaulieu : « Une confiance s’est rapidement installée entre nous. Nous étions complémentaires dans nos forces et savions que l’autre livrerait toujours la marchandise. »
Le trio de feu, qui a continué à nourrir sa braise en Design graphique à l’Université Laval, a vite décidé de fonder son propre studio. MamboMambo se veut, dans son nom, un clin d’œil à la canicule qui sévissait au moment de sa création. Pendant les années de démarrage de la coopérative, la fille de la bande a raffiné son style et acquis de l’expérience au sein de plusieurs agences de Québec : « Mon style est coloré et positif. Je n’aime pas le design ennuyant et élitiste. Ma culture me donne une vision différente. Le design québécois a peur de la couleur, mais le noir et blanc n’est pas la solution à tout. »
Lasse de danser sur plusieurs tableaux, elle a finalement décidé, il y a deux ans, de s’investir à temps plein dans son studio au nom de musique rythmée. Même si on lui confie souvent les illustrations et la direction photo, la designer graphique de 28 ans refuse de se coller une étiquette au front. « Pourquoi devrait-on se spécialiser ? Si tu peux créer une chose, tu peux créer toutes sortes de choses. Ce que j’aime par-dessus tout, c’est développer une image de marque pour donner de la confiance à une entreprise », croit celle qui a notamment travaillé sur la nouvelle signature visuelle du Musée du Bas-Saint-Laurent.
D’ailleurs, Zorani Sanabria et les autres membres de la coopérative songent à lancer leurs propres produits en utilisant toute leur expertise dans la stratégie de marque, le design et le développement numérique. Un empanada au fromage en grains, peut-être ? La preuve que la rencontre de deux cultures peut être une formidable recette à succès!