Vincent Rioux
Bédéiste - Graphisme - 1995
Chez le libraire, ne cherchez pas son nom sur le dos d’un album. Vous ne le trouverez pas. Cherchez plutôt son pseudo, VoRo. Vous tomberez sur huit couvertures glacées, dont six portent le sceau de la réputée maison d’édition Glénat.
Le natif du Bic, un village tout désigné pour tenir un crayon, fait carrière dans la bande dessinée depuis plus de dix ans. L’illustrateur a d’ailleurs été l’un des premiers Québécois à pouvoir vivre de ses phylactères.
Issu d’une lignée d’hommes d’affaires, il a su très tôt qu’il n’entrerait pas dans la même case. Très jeune, ce lecteur d’Archie et Lucky Luke savait qu’il les griffonnerait, ses cases. « À l’époque, on faisait rire de nous si on disait qu’on voulait faire de la BD. Je voulais donc me former pour exercer un vrai travail et continuer à dessiner dans mes temps libres », raconte ce membre de la première cohorte d’étudiants en Graphisme à avoir travaillé sur ordinateur.
Les enseignants du Département ont vite repéré son coup de crayon et n’ont pas manqué de l’encourager, en soufflant la bulle qui lui permettrait ensuite de s’envoler vers la Belgique, où il a été admis à l’Institut Saint-Luc de Bruxelles, le berceau de Tintin. « J’ai appris beaucoup plus dans mes études collégiales que là-bas, mais je m’y suis fait de bons contacts », admet celui qui a brièvement retrouvé les murs de son alma mater de la rue Frontenac comme enseignant en dessin anatomique.
Admirateur de Will Eisner, « le Hergé des États-Unis », VoRo a installé sa niche sur le chemin entre la BD d’auteur et la BD d’action à connotation historique. « Ce qui m’intéresse, c’est de raconter de vraies histoires », soutient le créateur de L’espion de trop, accueilli chaleureusement le printemps dernier au Québec et en Europe.
Le marché du neuvième art connaissant des embouteillages qui se répercutent dans les chiffres de vente, Vincent Rioux a recommencé à accepter des contrats commerciaux depuis deux ans. Résidant toujours au Bic, il a notamment planché cet été sur une série de fresques portant sur l’histoire de la pêche au saumon sur la rivière Causapscal.
Tout en mettant les derniers traits à un projet personnel, qui traitera de la maladie mentale, VoRo pose les jalons d’un prochain album, qui racontera son parcours d’artiste depuis l’enfance. « Je veux raconter l’histoire humaine derrière les BD, afin que les jeunes auteurs comprennent comment c’était dur, à une époque, de choisir de dessiner. On apercevra sûrement le Cégep dans quelques cases! »