Nicolas Dickner
Écrivain - Arts - 1992
Depuis quinze ans, il a publié trois romans, tous couverts de fleurs par la critique. Nikolski lui a valu le Prix littéraire des collégiens, le Prix des libraires du Québec et a été traduit dans dix langues. Avec Six degrés de liberté, paru en 2015, il a remporté le Prix littéraire du gouverneur général. Nicolas Dickner fait partie des plumes qui comptent et qui cartonnent au Québec.
Pourtant, le Louperivois vient de balancer à la corbeille le manuscrit de son prochain roman.
Un ancien enseignant du Département des arts porte l’odieux de ce surprenant déchiquetage. L’écrivain, qui signe des œuvres ambitieuses aux strates multiples et à la mécanique complexe, lui en est plus que reconnaissant : « Dans un cours de peinture, Michel Lagacé nous apprenait à découper notre tableau en unités, afin que l’on puisse se concentrer sur l’essentiel. Il nous exposait ainsi le piège de voir trop grand. J’applique cet enseignement en littérature, où chaque chapitre est une fresque que je peux simplifier. Dans ce manuscrit, je voulais dire trop de choses. Il y avait deux romans en un. Le retravailler aurait été plus long que le recommencer. »
Même s’il n’a pas fait carrière dans les studios d’art, la formation qu’il a reçue au Cégep n’a donc pas été vaine.
Cette « drôle de bestiole », qui pouvait aussi bien exaspérer que faire rigoler ses enseignants, reconnait qu’il n’était pas doué pour la peinture et la sculpture : « Pour moi, le Cégep servait à expérimenter. Mon choix de programme n’était pas réfléchi. J’ai réalisé que j’étais plus à l’aise avec la communication écrite dans mes cours optionnels en littérature. Richard Lévesque, un prof exceptionnel et très exigeant, a eu une grande influence sur moi. »
À sa deuxième année collégiale, cet étudiant marginal a ainsi fini deuxième au marathon d’écriture André-Laurendeau et remporté le troisième prix au concours littéraire intercollégial Critère. Sans déchirement, il a ensuite fait ses adieux aux pinceaux pour suivre la voie des mots qui s’écrivait devant lui, enchainant un baccalauréat en littérature et une maitrise en création littéraire à l’Université Laval. Après plusieurs années de pérégrinations, en République dominicaine et au Pérou notamment, il a obtenu en 2001 une résidence d’écriture en Allemagne. C’est là qu’est né Nikolski, avec lequel il a fait une entrée retentissante sur les rayons.
Nicolas Dickner, qui marie cette année l’écriture de son nouveau manuscrit à un contrat de bibliothécaire à l’UQAM, soutient que le Cégep de Rivière-du-Loup occupe une place à part parmi tous les établissements scolaires qu’il a fréquentés. « Je le dis sans flagornerie. C’est un petit Cégep en taille, mais un grand cégep sur le plan pédagogique, soutient l’auteur. Toute ma vie, j’ai avancé sans plan de carrière, mais je refuse de faire l’apologie de l’improvisation. Je suis très conscient d’avoir eu de la chance. »
Pas que de la chance. Du cran aussi. Ça en prend pour effacer des centaines de phrases et se retrouver devant des pages blanches.
Nul doute qu’il saura trouver les bons mots.