Julie Fournier-Lévesque
Julie Fournier-Lévesque
Design de présentation - 2002
La pandémie a poussé bien des citadins à fuir les quartiers chauds pour aller se réfugier dans les grands espaces. Julie Fournier-Lévesque n’a pas attendu la pandémie pour retourner vivre en Gaspésie, en 2017, après avoir parcouru une longue boucle de Québec à la Suède en passant par Montréal.
« Je savais que j’aurais un jour besoin de revenir aux sources, mais je craignais de ne jamais trouver de travail dans mon domaine. Je jouis d’une bonne étoile, parce que les choses se sont placées comme par magie », raconte la chargée de projet du bureau-satellite de Percé du Centre d’artistes Vaste et vague. À ce titre, elle coordonne et dirige la Biennale Barachois In Situ, un événement en art actuel qui se déploie sur une plage de la pointe gaspésienne.
Du centre-ville de Montréal, où elle a coordonné en tandem la programmation du Centre de diffusion d’art multidisciplinaire Dare-Dare et travaillé pour l’organisme de documentation Artexte, la travailleuse culturelle a atterri dans un rang au fond des bois, loin des vernissages bruyants et de l’agitation urbaine. « J’ai eu besoin d’un certain temps d’adaptation, mais j’adore mon travail. J’aide à la professionnalisation des artistes du coin, en leur permettant d’exposer et en organisant des activités pour dynamiser le milieu. Je sens que mon mandat est crucial, surtout en ces temps difficiles. Il reste que c’est une job de bureau, bien loin de la pratique de ce dans quoi j’ai étudié… », reconnaît la native de Saint-Majorique, à dix minutes de Gaspé.
Pour étudier, elle a étudié ! Après avoir obtenu son DEC en Design de présentation au Cégep de Rivière-du-Loup, elle a enchaîné avec un deuxième DEC en métiers d’art à la Maison des métiers d’arts affiliée au Cégep de Limoilou. Elle a ensuite perfectionné ses connaissances en sculpture au cours d’un baccalauréat en beaux-arts à l’Université Concordia et d’une maîtrise à la Valand School of Fine Arts, en Suède.
« J’aurais étudié toute ma vie si j’avais pu. J’ai un petit côté nerd. J’ai aussi une tendance à me plonger dans des aventures extrêmes. C’était important, selon moi, dans un parcours d’artiste, de se mouiller, de se déstabiliser, de se coller à des cultures différentes de la sienne. C’est ce qui m’a emmenée à Concordia, alors que je ne parlais pas un mot d’anglais, et en Suède, où j’étais la seule de ma classe à ne pas comprendre la langue d’usage. Ces expériences se sont avérées très confrontantes », dit celle qui a aiguisé son sens de l’organisation et son leadership au cours de ses immersions.
Bien que tout pointait à ce qu’elle devienne une artiste accomplie, elle a plutôt choisi de se servir de ses compétences pour aider les artistes à réaliser leur propre projet. « J’aime dire que j’ai pris ma retraite de la sculpture dès que j’ai quitté l’école, s’amuse-t-elle. C’est comme si je n’avais jamais osé me commettre. Avec le retour en Gaspésie, je pensais bien disposer de plus d’espace physique et mental pour la création, mais c’était un leurre. Je n’ai jamais travaillé autant. Et honnêtement, ça me va comme ça ! »
Quand elle a besoin d’occuper ses mains, elle s’assoit avec sa fille de 5 ans à la table de bricolage du salon. Une table qui lui rappelle celle en contreplaqué où elle jouait, quand elle était elle-même enfant. Et elle bricole. Dans ces moments, elle ne pourrait pas être plus heureuse d’être retournée fermer une boucle en Gaspésie.