Jeremy Hall
Jeremy Hall
Graphisme - 2000
C’était il y a dix ans, déjà, mais Jeremy Hall en parle avec émotion, un trémolo accroché à la voix.
En 2010, il a été sacré l’un des 50 meilleurs designers au monde âgés de moins de 30 ans par le prestigieux Art Directors Club de New York. Ce n’est pas de lire son nom dans ce palmarès des Young Guns, ni d’avoir fait les manchettes, qui l’a marqué de fierté. C’est d’avoir vu le long nom de sa ville d’origine, Rivière-du-Loup, inscrit sur le mur d’une galerie dans le cœur de la Grosse Pomme, aux côtés de Séoul, Londres et Barcelone.
« Ma fierté, c’est d’avoir mis un peu de lumière sur Rivière-du-Loup. Quand on vient d’une petite ville, on pense parfois que ça nous bloque. Pourtant, peu importe d’où l’on vient, c’est possible de réaliser ses rêves. Dans mon métier, j’aime me dépasser. Je le fais beaucoup pour inspirer les autres à se dépasser », raconte le fondateur et directeur artistique du studio de création Figure, basé à Québec.
S’il admet que ce prix lui a apporté une notoriété, « quoique bien abstraite », Jeremy Hall a, depuis, continué de faire bonne figure. Concepteur des affiches du parcours d’art public Passages insolites depuis cinq ans et collaborateur du Musée national des beaux-arts du Québec pour différents projets, il a réalisé l’image de marque de plusieurs restaurants, comme La Planque et Les Sales Gosses. De plus en plus, il s’intéresse aux emballages alimentaires. « Je choisis beaucoup mes mandats en fonction de mes intérêts personnels, soit la bouffe et l’art. C’est une manière d’infiltrer ces milieux qui me fascinent », avoue cet épicurien avoué.
Le soccer avant Illustrator
Au Cégep, Jeremy Hall avait pourtant d’autres intérêts. Dont le sport. Ce qui lui conférait un profil plutôt atypique dans le Département des arts. Joueur de soccer et de basketball au sein des Portageurs, il dépensait plus d’énergie dans le gymnase que dans les studios. Le soccer passait avant Illustrator.
« À la fin de la 2e année, l’enseignante Marie-Josée Canuel m’a pris à part et m’a balancé que le graphisme n’était pas pour moi. Je crois qu’elle voulait me fouetter. Du coup, j’ai lâché le basket, je me suis imposé une discipline et j’ai commencé à aimer le graphisme, pour vrai. L’horizon s’est ouvert. Maintenant, si je travaille sur quelque chose, je ne peux pas sentir que je ne m’investis pas à 150 %. J’en serai toujours reconnaissant à cette enseignante », confesse celui qui a poursuivi ses études à l’Université Laval en communication graphique.
Son premier boulot, il l’a décroché sur le campus, au sein de l’agence Préambule Communication, gérée par les étudiants de la Faculté. Il a ensuite percé l’alignement de quelques agences avant de décider, en 2010, de se présenter comme joueur autonome et de se consacrer à temps plein à sa petite entreprise, qu’il développait en parallèle les soirs et les fins de semaine depuis 2002.
« C’était devenu ardu pour moi de travailler en agence. Je ne suis pas quelqu’un qui aime les compromis. Je n’aime pas non plus le principe du client-roi, qui trouve lui-même sa solution. Quand j’ai une idée, je veux la réaliser, même si elle paraît impossible. J’aime faire à ma tête pour obtenir le meilleur résultat pour mon client. »
Et cette tête, on voit jusqu’où elle le mène…