Jennifer Dionne
Maquilleuse artistique - Design de présentation - 2002
À l’adolescence, Jennifer Dionne a vécu une épiphanie en regardant la télésérie Diva. Un jour, elle ferait comme le personnage incarné par René-Richard Cyr et elle maquillerait des vedettes. À 37 ans, cette groupie traine son attirail de fards de studios de télé en plateaux de cinéma, se servant du visage des artistes comme d’une toile où exprimer sa créativité.
La native de La Pocatière a d'abord révélé son talent dans le monde du vidéoclip, bossant sur une centaine de productions, pour des airs de Mara Tremblay à Radio Radio, en passant par Marie-Mai et les Trois Accords. Entre deux tounes, elle a surtout rencontré une flopée de jeunes réalisateurs, qui l’ont ensuite embauchée pour leurs séries web et la recrutent aujourd’hui pour des projets de plus en plus costauds.
Après avoir donné du teint à plusieurs émissions de VRAK.TV, la maquilleuse vient de terminer le tournage de la troisième saison de la série Faits divers, pour ICI Radio-Canada. « Je suis une fan finie des vedettes et je peins depuis que je suis toute petite. Le maquillage est donc la parfaite combinaison de mes passions. »
Si son destin était aussi clairement tracé qu’une ligne de khôl sur une paupière, pourquoi alors a-t-elle fait un détour par le design de présentation? « Parce que mes parents trouvaient que Montréal était trop dangereuse pour une fille de 16 ans. Ils se doutaient aussi que percer en tant que maquilleuse n’était pas facile et ils voulaient que j’obtienne un papier. Ils avaient raison », raconte celle qui voulait surtout se sauver au plus vite de sa ville, là où elle avait subi de l’intimidation au secondaire.
L’artiste peintre est donc venue chercher son papier dans le domaine qui lui semblait le plus proche de ce qu’elle aimait. Elle ne le regrette pas, même si elle reconnait qu’elle avait tendance à bâcler ses travaux. « Mais aujourd'hui, je suis une des rares maquilleuses qui sait souder et couper du bois!, lance-t-elle, de but en blanc. Mon DEC m’a donné une vision plus globale des plateaux. Je comprends le travail des accessoiristes et des décorateurs. Je dirais que ça m’a rendue aussi plus débrouillarde et organisée. »
Même si les personnalités font la file devant chez elle les jours de gala, la diplômée du Collège LaSalle n’est pas qu’une spécialiste en embellissement. La connaissance des matériaux qu’elle a acquise au Cégep l’aide aujourd’hui à réaliser des effets spéciaux, comme les cicatrices, les blessures et les tatouages qu’elle devait simuler sur les corps de Faits divers.
Le plus gros projet sur lequel elle a posé ses pinceaux reste certainement le film Arrival, de Denis Villeneuve. « Entre les superproductions américaines et les séries québécoises, je choisis les deuxièmes, tranche-t-elle. Dans les gros films, il y a trop de hiérarchie, trop d’égos. Et puis, je préfère nettement les vedettes québécoises! »